La cabane dans la montagne.
Licoué.

 

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Le baromètre remonte. Pas pour longtemps, nous dit Météo France. Pluies, nuages, froid, C'est notre quotidien à l'approche du solstice d'hiver. Mais, voilà un week-end ensoleillé garanti: froid sec et beau temps. Les conditions les plus favorables pour une petite expédition en montagne d'une journée. Depuis des semaines, je scrute une telle éventualité. Le répondeur météo vocal spécialisé pour la montagne confirme cette ouverture de beau temps.

"Flux froid de nord sous influence anticyclonique, beau temps ensoleillé.

26 cm de neige au Soum Couy à 2150 m alt., (près du Pic d'Anie).

vent moyen 25 km/h, rafales 36 km/h.

-3,4'C à 7hOO le 6 déc. 97.

humidité 37%

isotherme O°C à 1500 m le matin, à 2000 m l'après-midi."

 

D'autres sources informent des équipements neige obligatoire à partir de 800 m d'alt.

 

La sortie est décidée pour le lendemain dimanche. Les vivres, petit matériel de survie, matériel de déplacement (chaînes auto, raquettes neige), d'orientation (cartes IGN au 1/25 000 boussole, altimètre, jumelles), vêtements chauds, chaussures.

 

But: la cabane de Licoué (1604 m), en vallée d'Aspe. Reconnaissance en vue d'une sortie du groupe Comète. Pour faire connaître ce bel endroit sauvage, dans les meilleures conditions de sécurité, à des plus jeunes, sensibles à la nature encore vierge.

 

Dimanche, 7hOO: le soleil n'est pas encore apparu. Une brume légère a envahi la campagne landaise.

 

8hOO: départ. A peine sortis des Landes, en voiture, l'air devient clair, sec. Le soleil tout rond, tout rouge commence à nous chauffer depuis l'Est. La chaîne Pyrénéenne se détache sur fond de ciel lumineux, éclairée par notre astre galactique. Le bassin palois resplendit depuis les hauteurs. Après une pose, et la poursuite du voyage, le véhicule entre dans la magnifique vallée d'Aspe. A Passette, 700 m d'alt. environ, les 4CH élèvent lentement la tonne de matériel jusqu'à 1100 m d'altitude, pour une distance sur route de 5 km. 80 mètres de dénivelé par kilomètre parcouru. De là, ce sont les mollets qui prendront la suite. De 1100 m à 1604 m d'altitude. Matériel léger et vivres sur le dos, une sévère montée accueille nos premiers pas sur le sentier. Comme pour tester notre détermination sur les premiers 100 mètres. L'air frais pur, et le casse-croûte, avec boisson chaude, pris un peu avant, sont d'excellents combustibles pour vaincre ce premier test. A 1200 m, un superbe manteau neigeux nous éblouit de lumière sous le chaud soleil qui inonde l'air encore glacé. C'est le moment de mettre les raquettes aux pieds et de continuer la progression avec un minimum de fatigue.

 

Les crêtes montagneuses aiguës et élevées se découpent majestueusement sur les horizons dans une blancheur inoubliable sur le fond bleuté d'un ciel sans défaut. Le silence est profond, marquant. Le moindre son, les pas sur le sol et quelques animaux sauvages proches prennent tout leur relief. La chaleur vitale emplit le corps jusque dans ses moindres recoins, distribuant une énergie bienfaisante jusqu'à la moindre cellule.

 

Rencontre avec un randonneur isolé. Dans cet univers-là, l'inconnu n'ignore pas l'autre quand il croise autrui. Quelques mots simples sont échangés avant que chacun poursuive sa course.

 

 

Le sentier enneigé conduit en lacet jusqu'au dernier col avant le but, au sortir d'une forêt de hêtres sans feuille, et de sapins. L'épaisseur du manteau neigeux est d'environ 25 cm.

 

Et brusquement, apparaît au bout de la sévère montée une sorte de cirque montagneux enneigé, havre de paix où se niche la cabane du berger: Licoué.

 

Deux pièces. Quelques étagères, un poêle Bigourdan, des bancs de bois, un petit fond d'épicerie non périssable, un tout petit stock de bois de chauffage, 4 lits et matelas. Dans la plus grande simplicité, sans luxe aucun. Chacun sait que ce toit et ces murs constituent l'abri protecteur quand les éléments météo sont tout autres que ce dimanche 7 décembre 1997.

 

Et ce moment passé à Licoué, ce jour-là, n'a pas de prix. Avec cette impression d'éloignement reculé dans la. nature sauvage, amplifiée par le remarquable silence devant un spectacle naturel presque inimaginable.

 

Les mots qui suivent, sélectionnés du cahier journal de la cabane concluront cette petite histoire d'un jour.

 

"1er mars 97: la neige partie, nous sommes arrivés. Les fleurs sont là pour nous accueillir à la porte de la belle Licoué. Signé: Maddy et Pierre Ledieux.

 

9 mars 97: de nouveau de passage avec des amis, le site, toujours aussi grandiose. La langue française ne possède et n'a pas encore inventé de mots pour décrire cette beauté et cette puissance. Franck.

 

4 mai 97 : Bravo pour la propreté de la cabane.

2 1 mai 97: Très beau paysage et super reposant. Je pense que ceux qui aiment la montagne avec un grand M adoreront cet endroit. Espérons que cet endroit reste à tout jamais tel qu'il est. Mickaël.

 

28/10/97: je repars dans la pollution bientôt. Alors, avant de redescendre, je vais respirer à fond l'air frais et vivifiant de cette jolie contrée. Manu.

PS: je n'ai pas encore résolu mon problème, même si je viens ici pour réfléchir.

 

23/11/97: première sortie pour Tino, sur la neige et je n'ai que 8 ans. Tino.

 

29/11/97: Sortie d'Automne. Il neige et il fait froid. La Taupe (Camille) et Lapin aux grandes oreilles (Bastien)."

 

raconté par Gérard

 

 

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