Un petit air de résistance

Voter Chirac ! Vous vous souvenez ?

Lors des présidentielles de 2002, on s'en souvient, gauche et extrême-gauche ont expliqué sur tous les tons qu'il fallait absolument voter Chirac pour « barrer la route à Le Pen ». Grâce à leur zèle frénétique, Chirac, élu avec un score de République bananière, a eu le champ libre pour nommer Sarkozy au poste stratégique de ministre de l'intérieur, mais aussi pour nommer une brochette ultra-répressive dans tous les lieux où se prennent les décisions. Résultat : le programme de Le Pen est déjà entré en vigueur pour plus de sa moitié. Ce n'est pas nous qui dressons ce bilan effarant, c'est un organe réputé pour son attachement à gauche : « Le canard enchaîné ».

« Faire semblant de croire - écrivions-nous entre les deux tours - que Chirac est le rempart de la démocratie et les législatives la solution définitive, c'est reculer pour mieux se faire manger demain ».

Non, un mandat électoral en blanc n'est pas une garantie démocratique

Ce qui est arrivé était donc parfaitement prévisible, et les élections ont simplement démontré, une fois de plus, qu'elles ne servaient à rien pour s'opposer à la fascisation d'une société. Dans ce même numéro spécial du Combat syndicaliste, nous écrivions aussi : « Dès aujourd'hui, nous devons travailler à ce qu'une résistance populaire autonome se mette en place et se développe ». Cela avait provoqué bien des ricanements. Or, après les rébellions de la jeunesse de cet hiver et de ce printemps, en ce mois de juin 2006, ce à quoi nous venons d'assister, c'est bien à un début de résistance populaire.

Dans bien des écoles de France, nous avons vu se développer des mouvements d'entraide, groupant enseignants et parents d'élève, pour défendre des enfants menacés par les raffles policières. Le RESF (Réseau éducation sans frontière), à l'origine de ce mouvement, a pris une position d'une grande dignité : il appelle à faire obstacle à ces lois (ce qui en droit français est un délit). La gauche et l'extrême gauche elles-mêmes ont reconnu qu'il s'agissait là d'un acte de résistance contre le fascisme rampant. Ce qui n'empêchera pas les mêmes politicards - de gauche et d'extrême gauche - de se retrouver - de gré ou par stratégie - derrière la favorite socialiste à la magistrature suprême qui, pas plus tard que ce 31 mai, annonçait son programme pour « rétablir l'ordre » : jeter les enfants « dès la première incivilité » dans des bagnes militaires et mettre sous tutelle les allocations familiales des familles dont les membres ne respecteraient pas les lois.

Résistance populaire et candidate « socialiste »

« Sarkolène Royal » apporte ainsi une caution « socialiste » aux institutions répressives pour étouffer dans l'œuf toute forme de résistance aux lois du jour. En effet, dans le droit actuel, l'appel du RESF constitue pour le moins une « incivilité » ; quant aux familles solidaires des enfants expulsables, elles sont coupables d'obstruction aux lois. Si le projet Royaliste était appliqué, non seulement les expulsions des enfants sans-papiers et de leurs familles se poursuivraient à un rythme accéléré, mais les familles qui s'y opposent se verraient menacer de graves représailles, à savoir le bagne militarisé pour leurs enfants incivils (ils ont le tort, dès la maternelle, d'être copains avec des enfants sans-papiers) et la mise sous tutelle de leurs propres allocations !

Face à ce début de résistance populaire, la porte-étendard des politiciens a ainsi dévoilé son unique stratégie : être prête à tout - même à doubler Sarkozy sur sa droite - pour continuer sa cavalcade dans les sondages.

Dans quelques mois, quand les mêmes que la dernière fois viendront nous solliciter pour voter « Ségolène » (ou le politicard de gauche qui aura réussi à la pousser dans le fossé) afin de barrer le passage à Sarko, j'espère que nous serons encore plus nombreux à leur répondre que: contre les « bonnets blancs » et les « blancs bonnets » de la politique, nous avons choisi l'abstention et la voie de la résistance, de cette résistance qui mènera cette fois-ci, nous l'espérons, à la Révolution.

août 2006


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